Une lumière fragile et invincible

phare

L’espérance

Le dictionnaire nous explique que l’espérance est un sentiment de confiance en l’avenir, portant à attendre un bien déterminé. On dit « l’espoir fait vivre » : espoir de guérison, de biens matériels, de gagner au loto… On peut être optimiste ou pessimiste. Ainsi, Lamartine se désespère : « Mon cœur lassé de tout, même de l’espérance… » L’actualité inciterait plutôt à la crainte face à l’avenir. Mais il y a l’espérance chrétienne : « vertu théologale par laquelle on attend de Dieu avec confiance sa grâce en ce monde et la gloire éternelle dans l’autre ». Serait-ce une utopie qui favoriserait la déresponsabilisation ? Alors, le dictionnaire nous précise : Elle ne tend pas à un providentialisme fataliste, et laisse place à la liberté et à la responsabilité.

Une posture face à la vie

L’espérance est plus qu’une croyance, une attente, un espoir que nos aspirations pourront se réaliser. C’est un certain état de conscience, une posture face au sens de la vie : croire qu’au-delà de tout, il y a du bon, du juste, du vrai, un absolu. Elle suppose d’avancer, de s’engager, de prendre des risques. Elle s’exerce sur des réalités difficiles. « La foi n’évite pas l’empoignade avec les démentis à l’espé- rance. Confrontés chaque jour à l’énigme du mal, nous ne pouvons ni la résoudre, ni nous en défaire, et cela suscite parfois en nous des questions sans réponse sur les hommes et sur Dieu. » (Pasteur Michel Bertrand)

Vivre l’instant

L’idéal serait une sérénité non dépendante des circonstances. Mais si nous en faisons parfois l’expérience, cela ne dure pas ! « On n’est l’éternel que le temps d’un instant. » Mais on peut privilégier le présent, vivre sa journée sans vouloir résoudre le problème de toute sa vie. « L’éternité, c’est maintenant. » (A. Comte Sponville) Quant à René Berthier, il écrit deux ans avant sa mort : « Je veux vivre dans l’espérance, un jour, ou six mois, ou plus. » Une petite lumière Péguy nous parle de cette « petite espérance tremblante à tous les vents, anxieuse au moindre souffle… invincible et immortelle, et impossible a éteindre ». Le cardinal Kasper évoque aussi « une lumière que l’on tient dans la main et qui illumine dans la mesure où nous avançons personnellement », plutôt qu’ un « projecteur qui éclaire toute la voie de l’histoire ». Laissons un poète (Jean Yves Leloup) nous en parler encore d’une autre manière :

« Se mettre dans la beauté sans un bruit sans un geste

Puis laisser jaillir la Source tout en creusant le puits

En son temps viendra l’oasis. »