par René AUCOURT
Ce passage d’Evangile est si beau. Il nous parle au coeur, il nous rejoint. Le texte nous parle de deux compagnons. Un nom nous est connu Cléophas, mais pas l’autre… chacun peut donc devenir ce compagnon de route. L’autre porte notre nom…
Le texte prend une couleur eucharistique. Nous y retrouvons tout le plan de la célébration que nous connaissons bien. La célébration qui est aussi toute notre vie…
Jésus d’abord rejoint les disciples sur leur chemin. Il s’approche, il marche avec eux, il parle avec eux de tout ce qui s’est passé ces derniers temps. Ainsi Jésus se fait proche et vient partager nos préoccupations et nos joies. Souvent nous ne le reconnaissons pas, mais il est bien là. Il accompagne, il écoute, il permet à chacun de bien s’exprimer, de partager ce qui est au plus profond. Et ce temps est long et précieux…
Cela rejoint notre expérience en ce temps de confinement, nous passons beaucoup de temps au téléphone. C’est si précieux d’échanger autour de tout ce qui se passe, de nos inquiétudes, de nos joies, de nos attentes. Ne l’oublions jamais, Jésus est là et il marche avec nous, il prend part à nos conversations…
Puis c’est le temps de la Parole partagée. Jésus lit avec eux les Ecritures… On aurait bien aimé écouter son homélie…Il part de Moïse et de tous les prophètes et il interprète ce qui le concerne. La Parole est partagée, elle est vivante. Elle vient nous éclairer sur la personne même du Christ et en conséquence elle vient éclairer notre propre vie.
Cela rejoint aussi notre expérience aujourd’hui. Beaucoup ont découvert ou redécouvert cette place essentielle de la Parole de Dieu. Ils le vivent, seuls ou en famille ou bien en groupe dans un partage téléphonique… Le Christ ressuscité est vraiment présent dans sa Parole et il est au milieu de nous. Cette Parole est vivante et elle se réalise dans notre aujourd’hui. Jésus entre et reste avec nous chaque fois que nous recevons cette Parole. Et notre cœur en est tout brûlant
Puis c’est le temps de l’eucharistie elle-même. Il prend le pain, il le bénit, il le rompt, il le donne. Alors les yeux s’ouvrent et il disparait. C’est un autre regard, une autre vision qui se met en place. Dans ce partage du pain, Jésus est présent d’une façon toute particulière.
Cela rejoint notre expérience mais en ce moment… en creux et en manque. Beaucoup aimeraient tant pouvoir recevoir la communion. Nous vivons, comme l’a rappelé régulièrement le Pape François, la communion spirituelle. Mais nous attendons, avec de plus en plus d’impatience, de vivre pleinement ce partage du pain. Ce manque fait grandit en nous le désir de l’Eucharistie.
Puis, enfin, c’est le retour. Les compagnons se lèvent et retournent à Jérusalem. Ils sont transformés, ils ne sont plus les mêmes. Ils peuvent annoncer, raconter, témoigner… le Seigneur est ressuscité et il est avec nous. Sa présence est bien réelle. Ils ne sont plus seulement deux sur la route. Ils retrouvent les Onze, les compagnons. Autrement dit, ils retrouvent la communauté, l’Eglise et plus largement toute l’humanité.
Cela rejoint aussi notre expérience. Même si les liens sont très particuliers en ce moment, ils existent réellement. Lorsque nous prions, nous lisons l’Ecriture, nous ne sommes jamais seuls. Nous sommes toujours en lien les uns avec les autres. Nous pouvons nous aider, nous porter. C’est ensemble que nous recevons la présence du Ressuscité et que nous en témoignons pour notre monde.
On pourrait presque résumer ce texte d’Emmaüs autour du mot « présence »… Oui, Jésus est présent dans notre humanité… il marche avec nous, il nous écoute… Oui, Jésus est présent dans sa Parole… il nous parle et vient éclairer notre vie… Oui, Jésus est présent dans son Eucharistie, mais elle ne peut qu’être spirituelle pour le moment… elle nous manque… Oui, Jésus est présent dans son Eglise qui est corps du Christ, lieu du Ressuscité… Vivons et marchons avec la présence du Ressuscité. Il est vivant… tout le texte est construit autour de cette expression.