Homélie de Pâques

Homélie par René Aucourt – 12 avril 2020

Dans cet Evangile de saint Matthieu, il est beaucoup question de « crainte »… le mot revient quatre fois et apporte avec lui l’essentiel du message à recevoir aujourd’hui.

D’abord il y a les gardes : eux ils sont dans la crainte et ils vont y rester, ils vont s’y enfermer, ils vont d’une certaine façon rejoindre ce qu’ils étaient censés faire … voici que les gardiens de la mort vont trembler et devenir comme morts.

Et puis il y a, au contraire, le message de l’ange, le message qui vient de Dieu lui-même : « Soyez sans crainte » puis Jésus lui-même, le Ressuscité, va le répéter aux femmes : « Soyez sans crainte. »

Au milieu du texte, les femmes partent annoncer cette nouvelle, mais elles sont « remplies à la fois de crainte et d’une grande joie. » Elles sont entrées dans le chemin de la foi, mais il y a encore un peu de crainte qui reste.

Ne sommes-nous pas, particulièrement cette année, nous aussi comme ces femmes… à la fois remplis de crainte et de joie. La crainte, la peur s’est d’une certaine façon installée dans notre environnement. Il est inutile de détailler… elle est devenue notre ordinaire, notre quotidien. C’est dans ce contexte-là qu’aujourd’hui, comme Marie-Madeleine et l’autre Marie que nous recevons une nouvelle étonnante. Dieu s’est assis sur la pierre tombale, il a même piétiné la mort en Jésus. Le tombeau est vide.  Et il est présent, mais ailleurs, autrement. Il est passé devant, il précède et il invite à aller de l’avant, à aller en Galilée pour le voir. La Galilée c’est le carrefour, le brassage, la vie quoi… C’est là que Jésus est présent et c’est toujours là que Jésus invite à aller… « ils doivent se rendre en Galilée, c’est là qu’ils me verront… »

C’est donc au cœur de ce qui fait notre vie, y compris nos craintes et nos peurs, que Jésus promet sa présence. Croire en Jésus ressuscité, c’est croire en sa présence plus forte que toute mort. Elle nous est parfois difficile à recevoir, à percevoir… nous sommes si souvent comme les femmes à la fois remplis de crainte et de joie. Mais elle est bien là cette présence, à la fois faible comme un rai de lumière et forte comme une pierre roulée. Une présence qui est vie, amour. Une présence qui met en route, qui envoie, qui invite à aller ailleurs, ou plutôt en ces jours où nous n’avons plus la possibilité d’aller ailleurs… une présence qui nous invite à vivre autrement, à changer, à mettre des couleurs à la grisaille de l’ordinaire de notre quotidien.

Au-delà de la crainte, recevons et allons annoncer cette présence du Christ Ressuscité.

«  Venues chercher leurs souvenirs au fond de ce tombeau Marie-Madeleine et l’autre Marie, y trouvent leur avenir. Ce n’est qu’à partir du moment où les femmes auront accepté de quitter ce tombeau de leur passé, quand elles se seront arrachées à ce tombeau vide, vide comme la peur, qu’effectivement elles verront Jésus. « Il vous précède en Galilée… » C’est la terre qui est devant nous, la terre en avant… Jésus n’aura jamais fini de « Re-ssusciter »… »

Jean Debruynne