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Le professeur à Harvard, Steven Pinker, a cumulé des statistiques sur les génocides, les guerres civiles, les homicides, les violences domestiques : il prouve que la violence n’a cessé de baisser depuis la Préhistoire. Comment expliquer cette contradiction entre nos convictions et la réalité ? Nous sommes beaucoup plus informés que dans le passé, en particulier à propos des événements les plus horribles : guerres, crimes, attentats, scandales. C’est ce qui mobilise notre intérêt, c’est donc ce qu’on nous propose le plus !
Nous avons la mémoire courte
Évidemment, les actualités parlent de ce qui se produit, pas de ce qui ne se produit pas ! Elles soulignent aussi moins souvent le positif que le négatif. De plus le même événement tragique revient à la une pendant des jours. Il nous envahit. Nous avons tendance à généraliser et à occulter le reste. Nous oublions aussi les malheurs du passé, même relativement récent. C’était le bon vieux temps. Pourtant, la guerre chez nous, ce n’est pas si ancien!
Notre sensibilité a évolué
Il ne s’agit pas de nier l’existence de risques, ni l’horreur de ce que vivent les victimes. Mais on se polarise sur les attentats, alors que les imprudences font beaucoup plus de dégâts. On estime que 1 500 Américains sont morts dans des accidents de voiture après le 11-Septembre 2001, en voulant éviter de prendre l’avion !
La conséquence d’une certaine pacification, c’est que nous sommes devenus de moins en moins tolérants. La moindre incivilité est mal supportée. Nous considérons comme violents des actes qu’on banalisait dans le passé. Par exemple, les bagarres entre les enfants existaient déjà mais soulevaient moins d’indignation qu’aujourd’hui. Souvenons-nous des luttes entre les jeunes de villages ou de hameaux différents, ou après les bals…
Être assuré contre tout
Une conséquence positive : On considère maintenant comme criminels des actes qui étaient tolérés et banalisés. On éprouve plus d’empathie vis-à-vis des victimes, qui hésitent moins à porter plainte. Mais le sentiment d’insécurité, de vulnérabilité s’est exacerbé, même quand on vit dans un milieu tranquille ! D’où une demande toujours plus grande de sécurité. On voudrait être assuré contre tout ! Mais nous pouvons aussi cultiver en nous un espace de paix qui nous rendra plus forts.
Marie Thérèse Denogent