Brandon – Clermain – Dompierre les Ormes Germolles sur Grosne – La Chapelle du Mont de France Matour – Montagny sur Grosne – Saint Léger sous la Bussière Saint Pierre Le Vieux – Saint Point – Tramayes – Trambly – Trivy
Elle a déjà eu les honneurs de la presse. Mais Marcelle Loriol accepte encore d’être interviewée pour Le haut Clunisois. Elle le lit régulièrement « pour voir ce qui se passe ». Mais pourquoi cherche-t on à recueillir le témoignage de la patronne de la quincaillerie-droguerie de Tramayes ? C’est qu’à l’âge de 89 ans, elle est toujours aux commandes de son magasin.
Quand on s’étonne de cette performance elle répond : « Si on se met dans l’idée qu’on peut plus faire ça, on peut plus rien faire ! » Elle s’était fixé des dates butoirs, qui ont été autant d’étapes. Maintenant, elle projette de s’arrêter dans un an ou deux, mais qui sait ? « Je continuerais tant que je pourrais ! »
Être encore utile
Bien sûr, « la vie a tellement changé ! » Elle regrette la diminution des ventes. Mais elle est heureuse de raconter qu’une cliente a pu dénicher chez elle ce qu’elle n’avait pu trouver nulle part ailleurs : de l’amidon en grains ! « Tant qu’on peut faire plaisir ! » Elle se réjouit aussi que des gens passent dire bonjour même s’ils n’ont rien à acheter. Cela lui permet d’avoir des contacts et d’apprendre les nouvelles du pays. Elle ne prend pas de vacances. Son magasin n’est pas souvent fermé. Elle fait ses comptes « le dimanche bien tranquille ». Il faut aussi «préparer les commandes, chercher les références, ça fait travailler le cerveau ! » Je m’étonne de sa mémoire (Elle sait tout ce que contiennent son magasin et ses réserves. Elle trouve tout de suite ce que le client demande.) « Quand on vit dans son domaine, les objets sont toujours à leur place. »
Ne pas rester sans rien faire
Les autres occupations ne lui manquent pas : deux jardins, un petit qu’elle bêche encore et un grand, éloigné de la maison. « ça fait prendre l’air, ça fait faire de l’exercice ! » Elle trouve encore le temps de tricoter, de faire des mots fléchés, de lire un quotidien et Pèlerin. Elle s’étonne presque d’être « des fois fatiguée ». Elle regarde aussi les émissions de jeux, les documentaires, sans oublier la retransmission de la messe. Dans le passé, elle a aimé jouer avec le groupe de théâtre de Saint Point, dont elle appréciait l’ambiance. Elle aurait aussi voulu faire partie d’une chorale. « Je chantais tout le temps ! »
Son secret ? Elle dit : « Il faut aimer son métier. » Mais on constate aussi que ses centres d’intérêt sont nombreux et variés. Pas de souci, elle n’est pas à la veille de s’ennuyer !
Tramayes a commencé en 2010, à l’initiative du foyer rural. Et puis ce fut Dompierre, en 2013 et enfin Matour, en 2016. Quel sera le prochain village, sur notre territoire, à créer un « jardin partagé » ?
Trois mots-clés : rencontre, échange, respect
Pas besoin de savoir jardiner pour en faire partie. On vient là pour partager ses connaissances, ses doutes, ses ignorances et ses interrogations, pour profiter de l’expérience des autres, pour découvrir d’autres pratiques que les siennes, plus respectueuses de la terre et souvent plus rentables, pour faire soi-même des expériences que l’on n’aurait sans doute pas faites seul dans son jardin.
Car on peut très bien avoir son propre jardin et venir quand même au jardin partagé.
On vient pour les rencontres ; pour les échanges ; pour les découvertes. Les découvertes ? La culture en lasagne, par exemple, avec son alternance de couches de compostage ; la permaculture, économique en énergie et respectueuse des êtres vivants et de leurs relations réciproques ; l’alternative aux pesticides, avec les décoctions
de plantes ; l’utilisation des engrais verts, la « tour à patates ».
Dans les trois jardins, nous trouvons des parcelles individuelles et une parcelle collective, mais ce n’est pas une obligation. Chaque projet est unique par son aménagement et son fonctionnement.
On vient là aussi pour la convivialité du lieu. On y organise régulièrement des animations : interventions de spécialistes, trocs de plantes ou de graines, taille ou greffe des fruitiers, etc. Ou tout simplement un café partagé, un « café des jardins » !
Les trois jardins ont bien l’intention de collaborer. Celui de Matour avait beaucoup apprécié la présence amicale
des jardiniers de Tramayes et de Dompierre lors de son inauguration.
Où et quand ?
On se retrouve donc – sauf en cas de mauvais temps – le samedi matin, derrière l’école de Tramayes (pour l’instant), derrière le cimetière à Dompierre et derrière l’ancienne cure à Matour, sur des terrains proposés par
les mairies. Mais on peut venir, bien sûr, jardiner n’importe quand, selon ses propres disponibilités.
En conclusion
Venez ! Par curiosité ou par intérêt. Vous serez bien accueillis. Et si vous avez du matériel de jardinage non utilisé ou un vieux banc, proposez-le. Votre venue, votre geste, votre attention seront appréciés !
Trois fois par an, aux alentours de Pâques, du 14 juillet et du 15 août, a lieu le grand « déballage » de l’association. Amateurs
de « vieilleries » et simples curieux s’y pressent. Et si l’on n’y trouve pas toujours ce que l’on était venu chercher, il est bien
rare qu’on n’en reparte pas avec une chose à laquelle on n’avait même pas pensé !
Pourquoi avoir créé cette association en 1995 ?
Il y avait, à l’époque, de gros travaux à effectuer dans le clocher et pour les financer, on eut l’idée de proposer un vide-greniers. On pouvait y trouver, alors, de belles pièces ! On recommença l’année suivante et petit à petit, une équipe se constitua. On récupéra tant de choses que l’on passa d’une brocante annuelle à trois ! Il y a même, dans la rue de l’Église, un dépôt permanent où l’on peut dénicher l’objet cherché ou inattendu, à condition de sonner en face, chez Marinette et Jean Deborde, deux des piliers de l’association.
Quels sont les objectifs de celle-ci ?
Il s’agit de rénover ou d’améliorer le patrimoine de la commune et par là, de le sauvegarder. Église, lavoirs et croix de hameaux en ont bénéficié, ainsi que trois tombes abandonnées, intéressantes de par leurs sculptures, des panneaux de papier peint exceptionnels que l’on peut voir à la mairie, créés par Dufour, l’inventeur de celui-ci (un Tramayon !), le cadastre napoléonien ou la vieille horloge de l’hôpital. Parmi les réalisations terminées, on peut citer l’accessibilité de l’église aux personnes handicapées et la mise en conformité de la chaufferie de celle-ci.
Et ses projets ?
D’autres lavoirs et d’autres croix de chemin sont à rénover. Nous aimerions aussi repeindre l’intérieur de l’église et changer le moteur des cloches.
Tout cela grâce à qui ?
Grâce à une équipe de bénévoles très impliqués dans un travail permanent de récupération, de tri et d’organisation en vue des trois brocantes, de volontaires qui viennent donner un coup de main ponctuel ou d’artisans qui proposent véhicules et matériels. Grâce également à un habitant du village qui prête tous ses locaux pour le stockage ou la vente et à tous les donateurs, anonymes ou pas, qui apportent régulièrement les objets dont ils n’ont plus besoin.
Brocante
Qu’appréciez-vous le plus, au sein de cette association ?
Il y a, bien sûr, la curiosité de découvrir le contenu des cartons que l’on nous apporte et la surprise ou l’amusement à l’ouverture de ceux-ci. Mais il y a surtout cette occasion exceptionnelle de créer ou de renforcer des liens amicaux en travaillant ensemble pour la sauvegarde de notre patrimoine.
Amitié-Loisirs est une association loi 1901, créée en 1982. Selon ses statuts, « elle a pour objet de développer l’animation à l’hôpital Corsin, de créer des liens d’amitié entre les hospitalisés et entre ses membres, par l’organisation de diverses activités… ». Un tract plus récent précise: « une équipe d’amis unis et animés par un esprit de service pour visiter, réconforter les résidents et patients. Aider, écouter, distraire sont leurs seuls objectifs ».
Ce groupe est bien connu sur Tramayes et les alentours, notamment grâce à la presse qui se fait souvent l’écho de ses actions. Ses membres, une vingtaine, interviennent chaque jeudi soit pour des visites individuelles, soit pour des animations ou à l’occasion des anniversaires. Ils agissent en étroite collaboration avec le personnel, en particulier les animatrices.
Le plaisir de faire plaisir
Quand on les interroge sur leurs motivations, les membres déclarent: « Ca va de soi! » Ils parlent de rendre service tout en insistant sur leur satisfaction de faire plaisir : « On voit tellement qu’ils sont contents de nous voir ! » Ces bénévoles valorisent ceux dont ils s’occupent : « Ils sont intéressants, sympas, ils ne se plaignent jamais. »
«?Ils donnent beaucoup de leur temps… Ils n’attendent pas de remerciement. »
Ils sont appréciés
La direction et le personnel ne tarissent pas d’éloges (à la lecture de cet article, la modestie de certains risque d’en prendre un coup!). Ce sont « des gens indispensables. Sans eux, beaucoup de choses ne seraient pas possibles. On peut compter sur eux et avoir confiance. Ils vont dans le même sens que nous… Ils sont agréables, s’entendent bien, sont de bonne humeur et donnent beaucoup de leur temps ! Ils font ça naturellement, discrètement, et n’attendent pas de remerciement. »
On peut qu’en dire du bien
Quant aux résidents interrogés, ils en rajoutent encore : « Heureusement que des gens comme ça existent! Les résidents qui sont allés ailleurs trouvent que c’est mieux ici car il y a une bonne ambiance. Et puis les membres de l’association font bien tout ce qu’ils peuvent. Ils ont du mérite. On peut qu’en dire du bien! »
Certains apprécient plutôt les sorties, d’autres les animations. L’accordéon est plébiscité (à noter qu’un résident joue de cet instrument). Ils insistent sur le fait qu’ils connaissent bien les membres d’Amitié-loisirs, certains même ont connu leurs parents ! Ils apprécient l’ouverture qui leur est offerte : « Sortir, changer de l’ordinaire… On peut causer, à l’hôpital on cause pas beaucoup entre nous. » Quelques personnes participent à titre individuel aux cérémonies religieuses de l’hôpital. Là aussi, c’est l’occasion de rencontres, de partage et d’ouverture sur l’extérieur
C’est à l’âge de 26 ans que Jean-Paul Jaffre a décidé de s’installer comme ambulancier à Tramayes avec son épouse. Trente et un ans plus tard, il affirme : « Si c’était à refaire, je referais la même chose. » Il dit aller au travail avec plaisir. D’ailleurs, « pour moi, ce n’est pas vraiment un travail ! C’est un beau métier, super intéressant. Il faut aimer les gens, sinon il faut faire autre chose ! »
Depuis un an, il n’intervient plus pour les urgences. Il passe donc de très longs moments avec les personnes qu’il transporte en véhicule sanitaire léger (VSL). Cette situation fait que l’aspect relationnel a une importance particulière : des malades souvent souffrants, inquiets du sort qui va leur être réservé, parfois paniqués à la perspective de pénétrer dans un univers inconnu, voire perçu comme hostile. Les personnes sont donc hypersensibles à l’attitude de l’accompagnant. Un sourire, une plaisanterie, un mot de patois, c’est énorme.
Un confessionnal
Il insiste aussi sur l’empathie nécessaire : être à l’écoute et totalement respectueux de l’attente de l’autre : bavarder ou rester silencieux ; évoquer la maladie ou parler de tout autre chose. On lui dit parfois : « Je n’ai pas vu passer le voyage ! » Il compare son véhicule à un confessionnal : c’est le lieu propice aux confidences, avec le respect du secret professionnel. Il faut aussi accepter une attitude défensive, parfois le déni d’une maladie grave, plus rarement l’agressivité. Certaines journées sont particulièrement dures, mais « le dernier qui passe ne doit pas en subir les conséquences ». Il faut donc rester disponible et c’est le soir en famille qu’on pourra se reposer et éventuellement se défouler. Jean-Paul donne beaucoup de réconfort aux patients. Mais il dit recevoir aussi beaucoup. Il parle d’eux d’une manière positive : « Ils sont tous très attachants. Chaque personne nous apporte quelque chose. »
On se connaît tous
Il est bien placé pour expliquer, rassurer, dédramatiser. Il a une grande pratique des rouages du système : médecins, infirmiers libéraux, milieu hospitalier. Le fait d’être connu et de connaître beaucoup de monde est un atout important : on lui fait confiance. Il dit aussi apprécier de travailler dans notre milieu rural, qu’il qualifie de paisible. Mais il y a le revers de la médaille : il ne peut pas ne pas être affecté par des situations dramatiques concernant des personnes qui lui sont proches. C’est lourd à porter, particulièrement quand il s’agit de jeunes. « C’est anormal, on ne peut pas l’accepter! » Il se sent impuissant face à la détresse. On touche alors aux questions existentielles : quel est le sens de la vie ? « Au bout, il y a la mort. Tout ça pour quoi ?.. »
Connaissez-vous Francis et ses ânes, à Montillet ? Bien sûr, répondront tous les Tramayons. Et les autres ?
Éducateur spécialisé pendant quinze ans auprès d’enfants en difficulté, Francis André est maintenant, accompagnateur de randonnées avec ânes en été et guide de montagne en hiver. C’est là qu’il a découvert, auprès d’âniers, que l’âne était un animal sociable, intelligent et très attachant. Et c’est là qu’il a appris son métier. Approchez-vous de l’enclos et vous verrez Diabolo, Vidocq, Pompon, Ali, Gaspard et Léo accourir à petit trot, vous donner de légers coups de tête et glisser leur museau dans le creux de votre main.
L’âne, un animal intelligent ?
L’âne sait faire preuve d’une excellente adaptabilité, tout particulièrement avec les personnes handicapées ou les enfants présentant des troubles du comportement. Il comprend la situation et agit en conséquence. « Léo, le chef, m’a réveillé une nuit par ses braiments pour me signaler qu’un des ânes était sorti de l’enclos. »
En quoi consiste ce travail?
« Je loue mes ânes depuis six ans pour des balades d’1h30, à la demi-journée, la journée ou sur plusieurs jours, avec ou sans accompagnement. » L’âne porte les bagages ou éventuellement les enfants. On peut aussi l’atteler à une carriole si les petits ne veulent pas monter sur son dos ou s’il y a des personnes âgées. Je veille à diversifier les parcours, et je participe à l’entretien des chemins pour qu’ils restent agréables à parcourir. La formation des ânes dure deux ans, ils doivent apprendre à accepter le licol et la longe, à adopter un rythme de marche, à faire confiance à l’environnement et aux êtres humains. Je veille à la nourriture, au renouvellement fréquent de leur eau et à leur brossage quotidien. Je dois aussi gérer les pâturages et faire les foins.
« Ce qui me motive surtout, c’est le plaisir des enfants qui découvrent ou viennent revoir mes ânes »
Quelles sont les qualités nécessaires ?
Il faut, bien sûr, aimer les ânes, c’est- à-dire les respecter, les ménagers, être un bon observateur patient et attentif. «Ce qui me motive surtout, c’est le plaisir des enfants qui découvrent ou viennent revoir mes ânes. J’aime ce métier qui me permet de vivre en plein air et de faire mieux connaître cet animal modeste mais si attachant. »
Il y a bientôt deux ans, un repas était organisé à Tramayes, dans le but de récolter des fonds, pour soutenir un grand projet humanitaire en République Démocratique du Congo. Ce projet consistait à aider une population de 60 000 habitants, vivant dans la brousse, à réhabiliter leur hôpital presque à l’abandon depuis 1972.
Le but de la quête de Tramayes était d’amener l’eau et l’électricité à l’hôpital de Mokamo. Imaginez, une salle d’opération sans électricité. L’eau, les femmes et les enfants allaient la chercher à la source, située à 900 mètres et la transportaient dans des bidons sur leur tête. Des bénévoles sont allés sur place pour rencontrer les gens et analyser les besoins. Ils se sont occupés de l’acheminement du matériel nécessaire et ont aidé au montage de celui-ci. Ils ont récolté les fonds nécessaires en Europe, en organisant des repas, des marches, des spectacles… en faisant appel à des organisations …
Enfin, en 2011, l’électricité a été rétablie à l’hôpital grâce à des cellules photovoltaïques et à deux groupes électrogènes qui assurent les demandes plus importantes (stérilisation des instruments, échographie…). Et, depuis mars 2012, l’eau coule au robinet de l’hôpital de Mokamo. Vous pouvez imaginer la joie de nos amis de Mokamo qui, pour la plupart, voyaient, pour la première fois de leur vie, de l’eau sortir d’un robinet…
Nous élargissons notre champ d’actions
Mais le travail des bénévoles n’est pas terminé. Très vite, ils ont compris que toute la population de cette région avait besoin de soutien. A présent, notre groupe s’oriente vers plusieurs projets. Des objectifs de formations médicales : des membres de notre groupe, médecins et infirmières travaillent avec leurs homologues congolais, pour les soutenir et les former. Des objectifs de développement communautaire : à la demande des mamans de Mokamo, un foyer social a été créé : alphabétisation, bibliothèque, horticulture, couture… Des objectifs de formations techniques : les missions techniques seront clairement orientées vers la formation des responsables et du personnel, l’utilisation adéquate des outils, l’entretien du matériel et la prévention des pannes.
Ce beau projet aboutit grâce à des bénévoles qui donnent de leur temps, grâce à toutes les personnes qui ont été sensibilisées par la situation précaire de cette population.
La population de Tramayes et des environs a quelque peu participé à la réalisation de l’adduction d’eau puisque l’argent récolté par le repas a servi à acheter une des pompes placée à la source. Les hommes, les femmes et les enfants de Mokamo sont très sensibles à toute cette fraternité et remercient chaleureusement tous ceux qui ont participé à ce projet.
Tramayes, est le chef-lieu d’un canton partagé entre deux belles vallées que séparent de hautes collines. D’ailleurs le vieux nom de Tramayes , Tranvaculum, signifiait chemin de traverse, c’est-à-dire passant à travers les monts et raccourcissant la voie de Lyon à Autun.
Un peu d’histoire…
Tramayes semble bien être une localité très ancienne et importante de la région. Dans des textes anciens, il est fait allusion d’un palais servant de résidence aux rois de Provence et de Bourgogne dès le IXe siècle. Palais qui serait le château de la Rolle dont ne subsistent maintenant que des bases de murailles, deux petites tours en ruine, et une intéressante cave voûtée. Au XVIe siècle, ce château de la Rolle ne semblant plus répondre aux exigences de la défense et du confort, les Bullion, alors seigneurs de Tramayes, font construire le château actuel en 1598. Cette famille s’illustra, puisque Claude, petit neveu de Mathurin Bullion et fils d’une Lamoignon, fut surintendant des finances en 1632 et garde des sceaux de France. Il créa les premiers Louis d’Or. De l’Église du XIIe siècle, il nous reste un beau clocher roman qui a grande allure avec ses deux étages, dont le supérieur avec de belles baies géminées ornées latéralement. L’église fut agrandie au XIXe siècle avec un chœur « occidenté ».
La commune s’étend sur ses 1800 hectares, dans un paysage au relief assez marqué, dominé par la Mère Boitier du haut de ses 758 mètres et à ses pieds la Madone.
Le bourg se situe sur un col entre les vallées du Valouzin et de la petite Grosne. Comme la plupart des communes rurales, Tramayes a connu une décroissance de sa population mais qui s’inverse maintenant : passant de 2600 habitants vers 1850, descendant à 840 en 1970 mais remontant à 1000 en 2010.
Une économie vivante
La commune comprend une trentaine d’exploitants agricoles, dont les 2/3 en polyculture. Beaucoup se retrouvent à la foire aux bestiaux, lors de la grande fête annuelle de la Sainte Catherine. En raison de son relatif isolement, la commune dispose d’une cinquantaine de commerces et d’artisans, son fer de lance !
Et les services ne sont pas à la traîne : L’école maternelle et l’école primaire accueillent 110 élèves dans leurs cinq classes. La commune compte quatre médecins et l’hôpital Corsin comprend un hébergement de 64 places pour personnes âgées et un centre hospitalier de 34 places.
Beaucoup d’associations
Tramayes en compte 25, toutes dynamiques. Citons le club sportif et ses 150 adhérents, le club Jeunesse et forme (la danse) de même importance, le Club des aînés ou encore l’éveil (la batterie fanfare) avec une mention spéciale à l’association Amitié et loisir qui rend régulièrement visite aux pensionnaires de l’hôpital Corsin. Il faut citer aussi l’exemple du « jardin partagé », qui regroupe des parcelles individuelles et collectives sur lesquelles s’activent jeunes et vieux, personnes en difficulté et bénévoles.
Parmi les manifestations que nous présente Nicole Besacier, responsable de l’office du tourisme, retenons, bien entendu, la foire annuelle de la Sainte Catherine qui remonte à… 1556, et se fête le vendredi le plus proche du 25 novembre, avec fête foraine, concours d’animaux et pot au feu géant. Mais il y a aussi la marche amicale laïque avec de nombreux marcheurs sur plusieurs parcours, dont le bénéfice va aux écoles.
Un engagement actif dans le développement durable
Pour en savoir plus à ce sujet, nous avons rencontré Michel Maya, maire de Tramayes depuis 1995. Voici donc 16 ans qu’il met sa compétence et son énergie d’ingénieur et d’enseignant à l’Ensam au service de sa commune. C’est à l’occasion des projets d’investissement et de développement de sa commune qu’il a pris l’option du développement durable, qu’on peut définir ainsi : « Répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs. » Cela veut dire, en clair, économiser les ressources naturelles (énergie, eau…), limiter au mieux les « effets de serre » et garantir un mieux- être pour les futurs habitants des nouveaux quartiers.
Dans trois domaines, ces principes sont déjà à l’œuvre, nous raconte Michel Maya. Nos chaudières de chauffage communal (école, mairie, hôpital, salles…) devaient être rénovées. Sur les conseils de l’Ademe et de l’ONF, nous nous sommes orientés vers le bois, énergie renouvelable et limitant les effets de serre, énergie pour laquelle nous avons obtenu des subventions. Notre nouvelle chaudière à bois déchiqueté, chauffe à elle seule tous les anciens bâtiments communaux initialement desservis par des anciennes chaudières au fuel et, en définitive, coûte moins cher à l’utilisation. Autre domaine d’application du développement durable, l’utilisation de huit horloges astronomiques pour mieux piloter l’éclairage urbain et la suppression totale de cet éclairage de minuit à 5 heures du matin finalement bien acceptée par la population. Dernier domaine orienté vers le développement durable : notre projet d’éco-quartier des Ecorces. Conçu pour répondre aux besoins d’une population variée, tant en revenus qu’en métiers, ce quartier prévu pour soixante logements, relativement proche des commerces et des services, comprendra une zone d’habitat collectif, une zone d’habitat individuel et une zone artisanale.
Faut-il s’étonner que cette énergie développée par une petite commune rurale vers les objectifs d’un développement durable ait été remarquée hors de Tramayes ? Elle lui a valu des reportages télévisés, de nombreux articles dans la presse et l’attribution d’un prix décerné par la Ligue des énergies renouvelables. Bravo !
Alors, comme dit un vieux Tramayon : « J’aime Tramayes et Tramayes le vaut bien ! »
Les médias nous renvoient souvent une vision pessimiste de la nature humaine. Mais on peut aussi relayer d’heureuses nouvelles : des initiatives solidaires nombreuses ont bien lieu autour de nous.
C’est la matérialisation des réflexions du groupe « Vers des solidarités plus actives », suite aux campagnes des restos du cœur : un espace constitué de parcelles individuelles et d’un terrain collectif. La culture des légumes, fleurs, arbres fruitiers a été choisie pour servir de support privilégié à la lutte contre le « chacun pour soi » : travailler ensemble, rencontrer l’autre différent de soi, partager les connaissances et les biens (échanger ou donner des plantes, des fruits, du matériel…). C’est donc un brassage de populations qui est souhaité : jeunes et vieux, autochtones et nouveaux habitants, jardiniers émérites et débutants loin des méfiances et des préjugés.
Tout le monde est invité
Si une attention particulière est dirigée vers les personnes en difficulté physique ou mentale ou économique, tout le monde est invité. L’inverse correspondrait à une attitude de ségrégation et d’exclusion.
Les tout-petits de la crèche et les personnes âgées de l’hôpital ne viendront pas : ce sont les bénévoles du groupe qui iront à eux. Par contre, l’école et les garderies ont leurs coins réservés. En plus du jardinage, il est proposé aux enfants une ouverture vers l’observation et le respect de la nature végétale et animale.
L’accent est mis par François Dost (responsable) et Agnès Olivier (animatrice) sur l’inventivité et la lutte contre le gaspillage : compostage, récupération, recyclage, utilisation de moyens de fortune, adaptation des outils au handicap.
Les récoltes vont bénéficier entre autre à la cantine et aux restos du cœur.
En aparté
Lutter contre les inégalités, contre l’injustice, c’est une attitude difficile qui nous demande un changement intérieur. Spontanément, nous cherchons plutôt à oublier que d’autres souffrent. Et puis, « ce qui est à moi est à moi ! » On peut aider ses voisins. On peut aussi partager avec l’étranger, celui qui vit très loin, d’une manière différente de la nôtre. Les réalisations sont diverses. Elles se différencient des « actions charitables » du passé. Elles veulent préserver la dignité des personnes secourues. Elles cherchent à être innovantes, souvent festives, privilégiant une joyeuse convivialité.
Marie-France et Mado Roccati m’ont accueillie dans les locaux de la bibliothèque de Tramayes et m’ont exposé comment ce lieu qui pourrait n’être qu’un lieu de prêt de livres est devenu un lieu de vie pour la commune.
Qui gère la bibliothèque et comment ?
Depuis 2003 la bibliothèque est intercommunale et regroupe trois communes : Tramayes, Bourgvilain et Saint-Point, avec deux lieux d’accueil, Tramayes et Bourgvilain. Ce dernier fonctionne avec neuf bénévoles. A Tramayes une salariée : Marie-France Berland, et six bénévoles : Malou Langinieux, Mado Roccati, Katrine Maya, Michèle Carricondo, Laurence Croix et Véronique Roda.
En tant que salariée j’assure toute la gestion informatique (budget, livres et abonnements) mais aussi celle de l’équipe. Ce travail m’a été grandement facilité par le stage de formation que j’ai effectué en 2003-2004 : formation des auxiliaires de bibliothèque (ABF). J’ai travaillé auparavant treize ans comme secrétaire ce qui m’a apporté des compétences supplémentaires.
C’est là que Mado intervient pour ajouter: Marie-France ne se considère pas comme « chef » car tout est décidé en commun. Mais elle est très douée pour construire une équipe et avec elle nous avons envie d’être là, au sein du groupe chacun à son rôle.
Puis Marie-France reprend : Le travail est très vaste, on pourrait croire qu’en dehors des permanences (10 heures d’ouverture au public) tout est calme ! Bien au contraire, c’est là que tout se prépare : la gestion du budget alloué par les trois communes, choix des acquisitions, équipement des livres préparation des animations, réunion de l’équipe.
Justement, les animations c’est un point très important ?
Oui, bien sûr, les accueils de groupes demandent une grande préparation. Mais la récompense est toujours là : la joie des enfants… Nous intervenons dans les écoles, au relais libellule et également à l’hôpital Corsin. Nous avons organisé des échanges intergé- nérationnels par exemple un aprèsmidi « jeux de société », dans le cadre du projet fédérateur. Un moment très agréable pour tous ! Pour les animations nous aimons qu’elles soient en lien avec ce qui se vit dans le village. L’association « Lire et délires », composée de bénévoles gère les animations plus importantes.
Mais l’accueil des lecteurs reste un des temps fort, il faut avoir à cœur de satisfaire chacun, aussi bien celui qui cherche une lecture détente que celui qui désire le dernier Goncourt ou une recette de confiture…
Pour conclure je dirais que ce métier d’agent de bibliothèque est très agréable, d’une part pour les contacts que nous tissons avec les habitants de la commune, d’autre part pour la disponibilité qu’il me laisse dans ma vie familiale (20 heures par semaine plus 4 heures mensuelles pour bulletin municipal). J’ajouterais que pour une petite municipalité c’est un gros effort financier qui est consenti mais c’est vraiment un plus pour les gens du canton.