La rentrée, l’audace de vivre

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Comme le printemps ou encore le début de l’année civile, la rentrée marque une étape : plus qu’à d’autres périodes, nous sommes face à l’avenir, donc à l’inconnu. Pour en avoir une image à l’avance, nous essayons de prévoir le plus possible. Les hommes ont depuis longtemps cherché à connaître l’avenir en consultant l’horoscope ou des voyantes. Mais il reste l’imprévisible, l’incertitude, le risque.

Christian Bobin nous dit : « C’est donc ça la vie, un livre dont l’encre est toujours fraîche et dont aucun lecteur ne pourra dire ; je l’ai lu. »

En mars 1996, moins de trois semaines avant d’être enlevé à Thibérine, Christian de Chergé écrivait : « Vouloir imaginer l’avenir, c’est faire de l’espérance fiction. Dès que nous pensons l’avenir, nous le pensons comme le passé. Demain sera autre chose. Nous ne pouvons pas l’imaginer. » Cela nous renvoie à notre condition humaine. L’homme n’est pas maître de son destin.

Face à la peur du risque, on pourra préférer continuer une vie difficile mais connue et contrôlée, plutôt que d’oser le changement, avec un espoir d’amélioration.« Un tien vaut mieux que deux tu l’auras. » Pourtant, si on sait trop d’avance, on se limite, on se prive de l’occasion de progresser, de découvrir, d’improviser.

Gabriel Ringlet nous dit : « Consentir à l’inachevé, c’est un gage de paix, de sérénité. Tâtonner dans le noir, s’égarer peut-être, mais y aller. » Arnaud Desjardins parle de « l’audace de vivre » et Christian Bobin nous assure que « quelque chose vient à tout instant nous secourir. » La foi, l’espérance, c’est lâcher prise, accepter de ne pas savoir, bouleverser nos prévisions, et avancer !

MTD

 

Le photographe Pascal Chantier adapte « les Âmes grises » au théâtre

Pascal Chantier, photographe de plateau, a débuté sa carrière avec le tournage du film « Les Âmes grises ». 13 ans plus tard, le matourin adapte, à son tour, le roman de Philippe Claudel au théâtre, autour des portraits des comédiens qu’il avait réalisés. Une soirée théâtre avec un débat sera organisée le 13 janvier 2018, à Matour, dans le cadre du centenaire de la Grande Guerre (14-18).

En 2004, lorsqu’Yves Angelo réalise les « Âmes grises », adapté du roman de Philippe Claudel, dont l’intrigue se situe en 1917, Pascal Chantier s’empare du moment pour créer notamment trente portraits photographiques des personnages du film. Il emploie pour la circonstance une technique numérique qui projette instantanément le spectateur en 1917. « L’effet est bluffant, en parfaite résonance avec la violence de 1917 ». Pascal Chantier obtient l’assentiment enthousiaste du réalisateur du film et de l’auteur qui apporte son concours en accordant gracieusement les droits d’adaptation de son roman pour créer une soirée théâtrale « Autour des Âmes grises ». Frédéric Andrau, comédien et metteur en scène interprétera quelque dix personnages du film en compagnie des portraits présentés sur chevalets, disposés en choeur et mis progressivement en lumière. Le comédien incarnera chacun d’entre eux en déambulant parmi les cadres selon une adaptation écrite par Pascal Chantier. Dans une sorte de fondu enchaîné, les derniers moments de l’intrigue théâtrale, ouvriront la voie au cinéma par la projection des Âmes grises. C’est la première fois que cinéma, théâtre et photographie seront réunis autour de cette même histoire des Âmes grises. Yves Angelo, Frédéric Andrau et Pascal Chantier ouvriront en toute convivialité les débats au terme de ce spectacle le 13 janvier 2018.

Autour des « Âmes grises » et les autres réalisations depuis 2014 ont permis à la commune de Matour d’obtenir le trophée de la culture pour son travail de mémoire à l’occasion du centenaire de la Grande Guerre.

L’intrigue :

Nous sommes en 1917, année de certitude et de doute quant à la conduite de la guerre. Dans ce village de l’est de la France, à quelques kilomètres du front, peut-être Verdun, le passage régulier et lugubre des soldats morts vivants venant de l’enfer, la canonnade, les secousses de la terre, les éclairs de feu à l’horizon, laissent deviner et sentir les horreurs de cette Grande Guerre sans jamais la voir. Lorsque la fillette de l’aubergiste surnommée « Belle de Jour » est retrouvée assassinée sur les berges gelées du canal, la société villageoise immergée dans la violence de la guerre et suspectée au cours de l’enquête fait preuve de ses préjugés, de ses rancœurs, de son mépris, de sa haine ; ce sont les « âmes grises ». Chacun veut désigner son coupable au détriment de la vérité.

Jacques Bonnamour