Aide aux migrants – Majeurs ou mineurs ? Un passé douloureux, un avenir incertain.

Nathalie est tramayonne. Elle travaille en ce moment dans le cadre de l’association Enfance et jeunesse en Avallonnais, pour les migrants mineurs non accompagnés (qui se présentent seuls, sans leur famille).

Ils se disent mineurs. Il s’agit d’évaluer s’ils le sont réellement. L’avis donné est transmis au procureur de la République. Il sera parfois complété par des examens complémentaires (âge des os par exemple.). De là dépendra une orientation déterminante pour l’avenir.

Ces jeunes viennent surtout du Mali et de la Côte d’Ivoire, quelques-uns d’Afghanistan. Ce sont presque exclusivement des garçons (voyage trop dangereux pour les filles). Une trame d’évaluation permet d’apprécier la cohérence des éléments proposés, pouvant constituer des preuves : les papiers en leur possession, leurs explications (leur histoire, leur mode de vie, leur scolarité, les raisons de leur départ, le trajet pour arriver en France, les obstacles rencontrés).

La présence d’un interprète, issu du même pays, permet dans certains cas d’avoir un meilleur accès à une culture particulière : comment interpréter tel comportement déroutant, comment réagir ?

Des histoires de vie

Nathalie se dit touchée par certaines situations particulièrement difficiles : celle par exemple de ce petit afghan : il refusait, malgré les menaces, d’être enrôlé par les Talibans. Ils sont venus le chercher alors que toute la famille était à table, sauf lui, parti se laver les mains… Tous les autres ont été tués. Il s’est caché jusqu’à la nuit, puis il a rejoint un oncle qui l’a fait passer en France.

Autre exemple : c’est un jeune malien orphelin. Sa tante l’avait récupéré mais n’avait pas les moyens de l’envoyer à l’école. Il travaillait donc toute la journée dans les champs. Il prenait des cours du soir auprès d’enfants scolarisés. Il avait ainsi acquis un bon bagage.

Essayer de dominer la réalité

Le voyage s’est souvent passé dans des conditions très difficiles. Ils ont été frappés, rançonnés. Ils ont risqué leur vie. Ils gardent des séquelles physiques et psychologiques. Pour ne pas être écrasés par ces situations, ils les racontent parfois comme s’ils avaient participé aux épreuves d’un jeu !

Beaucoup sont motivés pour des études. Certains professeurs, réticents au départ, découvrent leurs capacités, leur courage, leur reconnaissance. C’est un travail très prenant. Nathalie reconnaît qu’elle ne pourra pas « le faire pendant des années ! ».

Marie Thérèse Denogent